Le modèle de développement, en lien avec le renforcement des institutions de l’État, la séparation des pouvoirs, l’enracinement de la culture des droits de l’homme, l’instauration de la justice sociale et l’accélération des investissements pour contribuer au développement global, a connu une évolution significative. Ce processus a été lancé par le Maroc à travers les pouvoirs exécutif et législatif, ainsi que par les institutions et les conseils représentatifs, tout en étant accompagné par les organes de gouvernance et de contrôle.
Cet avancement nécessite, à toutes ses étapes, des cadres compétents pour en mettre en œuvre le contenu. Cela interpelle les institutions de médiation sociale, en premier lieu les partis politiques, en tant que mécanismes institutionnels issus des processus électoraux, leur permettant d’élaborer et de mettre en œuvre les politiques publiques via le pouvoir exécutif (le gouvernement) ou les conseils élus aux niveaux régional, provincial et local. Ces institutions doivent démontrer leur capacité à intégrer ce défi structurel dans leurs projets politiques, sachant qu’elles ont, pendant des décennies, servi de réservoir de cadres mobilisés par l’État pour concevoir et mettre en œuvre des réformes.
Pour analyser l’évolution des politiques publiques destinées aux jeunes, il est pertinent de s’attarder sur les chiffres publiés par le Haut-Commissariat au Plan dans une étude du 12 juillet 2023, à l’occasion de la Journée mondiale de la jeunesse. L’étude révèle que la population totale des jeunes âgés de 15 à 34 ans est passée de 11,5 millions en 2014 à 11,8 millions en 2023. La tranche d’âge des 15-24 ans est passée, sur la même période, de 16,1 % à 18,0 % de la population totale des jeunes, tandis que la proportion des jeunes urbains a augmenté de 60,0 % à 66,0 %.
Ces données montrent que la structure démographique du Maroc se caractérise par une large base de jeunes, ce qui place cette catégorie au cœur des préoccupations des institutions de l’État, en particulier de l’institution royale. Le roi Mohammed VI n’a cessé de souligner l’importance de la jeunesse dans la réalisation d’une nouvelle révolution, à travers la levée des défis et la poursuite du projet de construction du Maroc moderne.
Le premier discours du roi adressé à la nation, le 30 juillet 1999, constituait une véritable feuille de route pour un contrat social entre le roi et le peuple. Il contenait des indications claires sur l’importance de fournir une éducation de qualité et une formation adaptée pour permettre aux jeunes marocains de relever les défis du XXIe siècle et d’accéder à des opportunités d’emploi dans un monde en constante mutation.
Les autres discours royaux, prononcés lors de diverses occasions nationales, ainsi que les messages adressés aux participants à des événements nationaux, régionaux, internationaux et onusiens, ont également insisté sur la priorité accordée aux jeunes par le roi Mohammed VI. Ces orientations mettent en lumière la nécessité de doter la jeunesse des moyens nécessaires pour nourrir l’espoir et la confiance en l’avenir, tout en les incitant à s’engager activement et de manière responsable dans la vie publique, contribuant ainsi aux réformes et aux projets de développement du pays.
Le discours royal prononcé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion du 15ᵉ anniversaire de son accession au trône, le 30 juillet 2014, reflète une vision stratégique à long terme pour renforcer le développement humain et social au Maroc. La demande royale de réaliser une étude sur la mesure de la valeur globale du Maroc entre 1999 et 2013 visait non seulement à mettre en évidence l’importance du capital immatériel, mais aussi à garantir une répartition équitable des richesses nationales et à permettre à tous les Marocains, en particulier les jeunes, de vivre dans des conditions décentes.
Cet engagement envers les jeunes s’est également manifesté dans le discours du 13 octobre 2017 à l’occasion de l’ouverture de la session législative, où le Roi a souligné l’importance de « lier la responsabilité à la reddition des comptes », tout en reconnaissant que les avancées du Maroc n’ont pas encore bénéficié à toutes les catégories de la société, notamment aux jeunes, qui représentent plus d’un tiers de la population. Le discours a également mis l’accent sur l’urgence de créer le Conseil consultatif de la jeunesse et de l’action associative, qui reste encore absent à ce jour.
L’attention royale ne s’est pas limitée à des déclarations, mais a été traduite en politiques et programmes concrets, tels que l’Initiative nationale pour le développement humain et les réformes sectorielles, qui placent les jeunes au cœur de leurs priorités. Cependant, la gestion gouvernementale dans ce domaine a été marquée par des lacunes, notamment en raison de la dispersion des responsabilités liées aux jeunes entre plusieurs ministères, de l’absence d’une vision intégrée pour gérer ces dossiers, et du retard dans la mise à jour de la stratégie nationale intégrée pour la jeunesse.
Malgré ces obstacles, le gouvernement actuel, issu des élections d’octobre 2021, s’est engagé à mettre en œuvre les orientations du nouveau modèle de développement, en accordant une priorité particulière à la jeunesse. Parmi les initiatives lancées figurent les programmes « Awrach », « Forsa » et le renouvellement du programme « Intelaka », ainsi que le « Passeport Jeunesse », conçu pour faciliter l’accès des jeunes aux services publics. En outre, le gouvernement travaille à soutenir les startups, à moderniser le cadre juridique du système éducatif et à lancer des projets sportifs et culturels adaptés aux aspirations des jeunes.
Face à l’accélération des transformations technologiques et de la mondialisation, la jeunesse marocaine demeure une richesse humaine essentielle nécessitant une attention particulière et une intégration réelle dans les processus de prise de décision politique et économique. Dans ce contexte, renforcer la présence des jeunes au sein du prochain gouvernement apparaît comme une étape cruciale pour assurer une meilleure inclusion de cette catégorie dans les projets de développement national. Il est recommandé de restructurer le gouvernement afin d’unifier les secteurs liés à la jeunesse en un pôle unique, tout en allouant des ressources financières suffisantes pour exécuter les programmes associés, consolidant ainsi un parcours de développement où les jeunes occupent une place centrale en tant qu’acteurs du changement positif.