La représentation des jeunes dans les instances décisionnelles : un enjeu démocratique oublié

Écrit par : Zaïmi Adam

Alors que les débats sur l’engagement des jeunes dans la vie politique se multiplient, une question cruciale reste trop souvent reléguée au second plan : la sous-représentation des jeunes dans les instances de décision. Dans un pays où plus de la moitié de la population a moins de 35 ans, leur faible présence dans les conseils communaux, les parlements ou les directions de partis politiques pose un réel problème de légitimité démocratique.

Des chiffres qui parlent

Au Maroc, moins de 2 % des députés ont moins de 35 ans, un pourcentage encore plus bas au niveau local. Ce déficit de représentation contribue à nourrir chez les jeunes un sentiment d’exclusion, voire d’illégitimité. Leurs préoccupations, leurs priorités et leurs valeurs sont rarement portées dans les sphères de pouvoir, ce qui fragilise le lien entre la jeunesse et les institutions.

Le mythe de l’inexpérience

L’argument souvent avancé pour expliquer cette absence est celui du manque d’expérience. Or, dans une démocratie, l’expérience ne devrait pas être un prérequis pour être écouté. Les jeunes possèdent une vision fraîche, ancrée dans les enjeux contemporains comme la crise climatique, la révolution numérique ou la justice sociale — autant de sujets encore marginalisés dans les débats politiques traditionnels.

Des quotas… mais pour quoi faire ?

Les quotas pour les femmes ont permis de corriger partiellement un déséquilibre historique. Pourquoi ne pas envisager des dispositifs similaires pour les jeunes ? Dans plusieurs pays, les “Youth Parliaments” ont démontré que l’inclusion de la jeunesse n’est pas une utopie, mais une impérative démocratique pour revitaliser les institutions et les reconnecter aux aspirations de la société.

Jeel2030 : une voix pour les jeunes décideurs de demain

C’est dans ce contexte que des initiatives comme Jeel2030 prennent tout leur sens. Elles offrent aux jeunes un espace de formation, de débat et d’expression. Mais elles doivent aller plus loin : devenir de véritables tremplins vers les cercles de décision, et non pas de simples laboratoires d’idées.

Conclusion : une démocratie sans sa jeunesse est en péril

La jeunesse marocaine est compétente, engagée et innovante. Elle ne demande pas de privilèges, mais une place légitime à la table des décisions. Une démocratie qui exclut sa jeunesse est une démocratie incomplète, voire en danger. Il est temps de reconnaître que l’avenir ne peut se construire sans celles et ceux qui le vivront.