Les Marocains et la politique : un engagement nécessaire
Écrit par : Ahmed El Yachkouri

“Pourquoi voter ? À quoi bon s’intéresser à la politique si rien ne change ?”
Cette question, de plus en plus répandue, reflète le manque de confiance des Marocains envers leurs représentants. Lorsqu’on parle de cette défiance, on l’associe souvent aux partis politiques. Pourtant, le véritable problème réside moins dans ces derniers que dans les hommes et femmes qui les incarnent.
Dans son discours du Trône du 29 juillet 2017, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste et le glorifie, déclarait :
“Et si le Roi du Maroc n’est pas convaincu de la manière dont la politique est menée, en particulier lorsqu’il constate que certains politiciens s’écartent du droit chemin, alors je leur dis : soit vous travaillez avec sérieux et remplissez pleinement vos fonctions, soit vous vous retirez. Car le Maroc a besoin de véritables hommes intègres. Cette situation ne peut plus durer, car le citoyen en est le premier concerné et le premier affecté. Et je pèse mes mots et mesure pleinement ce que je dis, car cela procède d’une réflexion profonde.”
Cette déclaration met en évidence un problème majeur : la perte de confiance des citoyens envers leurs élus. De plus en plus de Marocains s’abstiennent de voter, convaincus que leur voix ne changera rien.
Mais cette attitude est-elle justifiée ?
Est-ce que ceux qui accèdent au pouvoir sont de véritables représentants du peuple ou simplement des opportunistes profitant du système ?
L’engagement citoyen, une nécessité
Ce qu’il faut comprendre, c’est que le changement ne viendra que par l’implication des citoyens eux-mêmes. Répondre à l’appel du Roi signifie élire des hommes et des femmes intègres, ceux qui incarnent des valeurs et des idées au service de la nation.
L’abstention n’est pas une solution ; bien au contraire, chaque vote exprimé est une clé vers la victoire d’une politique plus juste et plus crédible.
En 2021, lors des élections législatives marocaines, le taux de participation a atteint 50,35 %, un chiffre en légère hausse par rapport aux scrutins précédents. Pourtant, cela signifie que près de la moitié des électeurs inscrits ont choisi de ne pas voter. Cette abstention ouvre la porte à des jeux d’influence où des votes achetés ou manipulés peuvent peser plus lourd qu’un engagement citoyen sincère.
Refaire confiance aux partis ou les réformer ?
Il est essentiel d’adopter une nouvelle approche face aux partis politiques. Bien sûr, certains sont gangrenés par des opportunistes déconnectés des réalités du peuple, mais un parti ne se réduit pas à quelques individus. Il repose avant tout sur une idéologie, une vision.
Si l’on considère qu’un parti ne nous représente pas suffisamment, alors il faut s’y engager pour en transformer l’orientation, en apportant des idées nouvelles et en chassant ceux qui ne servent que leurs intérêts personnels.
Comme le disait John F. Kennedy :
« Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays. »
Ce même raisonnement s’applique aux partis politiques. Il ne faut pas attendre d’eux qu’ils nous servent sur un plateau d’argent, mais plutôt s’investir pour les dynamiser et les rendre plus représentatifs.
Les véritables acteurs du changement sont les adhérents, ceux qui travaillent au sein des régions, des communes et des localités du Royaume pour faire avancer leurs idées et influencer la scène politique nationale. Il ne faut pas se contenter de critiquer de loin.
Un citoyen engagé doit participer aux réunions, organiser des débats, proposer des réformes et défendre activement ses convictions.
Le vote : un devoir citoyen
Aujourd’hui, rejeter la faute sur les élus “corrompus” ou “fantômes” ne suffit plus. Chaque citoyen a une responsabilité : le vote est un droit, mais aussi un devoir.
Si nous voulons éviter que des personnes incompétentes accèdent au pouvoir grâce à l’achat de voix, nous devons nous mobiliser, voter, et même, pour ceux qui en ont la volonté et la capacité, nous présenter aux élections.
En démocratie, l’abstention est une voix laissée aux autres.
Ne pas voter, c’est laisser les autres décider à notre place.
Ne pas s’engager, c’est abandonner l’avenir du pays entre les mains de ceux qui savent exploiter cette passivité.
Conclusion : vers un renouveau politique marocain
Le renouveau politique du Maroc ne viendra que d’un engagement collectif, porté par une jeunesse consciente et déterminée à construire l’avenir du pays.
Alors, en 2026, en 2030 et bien au-delà, posons-nous la vraie question :
Voulons-nous continuer à subir, ou allons-nous enfin agir ?